J'étais en route chez moi. Même pas besoin de vous dire qu'il était 13h20 à peu près quand j'ai regardé ma montre. La patinoire extérieure de mon quartier venait tout juste d'ouvrir ses clôtures. Les hauts-parleurs jouaient des airs de chansons francaises. Seulement l'instrumental. Sûrement une compilation achetée pour l'occasion. Il y avait donc cette chanson que j'avais reconnue quand je traversai le parking de la piscine municipale. Encore ce sentiment de profonde lacheté. Et même plus, quelque chose semblait devenir évident: je ne faisais rien de ma vie et rien ne m'intéressait. Je n'avais même pas eu la force cette fois de louer d'autres livres. Je m'avais contentée de retourner les anciens et de consulter l'espace d'un instant quelques périodiques. Et puis à quoi m'aurait servi d'en louer d'autres, la plupart du temps je ne les lisais même pas. Emportée par la frénésie, la curiosité du moment, je les louais, confiante de faire de moi une vraie lectrice assidue, croyant surtout que j'allais dévorer ces multiples connaissances et en tirer quelque chose. En tirer quelque chose. De cette platitude éclatante dans ce parking, il fallait encore que j'en tire quelque chose. Mais je ne les avais pas loués, j'avais été honnête. Je ne les avais pas loués, un poid de moins. Une attente de moins. Et l'angoisse encore qui reviendrait...
Comme si j'avais peur de ne rien faire de ma vie. Comme si j'avais peur que ma vie ne serve à rien. Et le temps passe. Marcher d'ici à chez moi me prendra encore une vingtaine de minutes. Et le temps passe. Et pourtant je dois vivre. Et oui, je suis bien en vie! La phrase m'est venue en tête soudainement. Baudelaire. Les hauts-parleurs crachaient encore sérénité et moments en famille. La neige tombait, de la neige devant, partout.
Comme si j'avais peur de ne rien faire de ma vie. Comme si j'avais peur que ma vie ne serve à rien. Et le temps passe. Marcher d'ici à chez moi me prendra encore une vingtaine de minutes. Et le temps passe. Et pourtant je dois vivre. Et oui, je suis bien en vie! La phrase m'est venue en tête soudainement. Baudelaire. Les hauts-parleurs crachaient encore sérénité et moments en famille. La neige tombait, de la neige devant, partout.
Oui! le Temps règne; il a repris sa brutale dictature. Et il me pousse, comme si j'étais un boeuf, avec son double aiguillon. - "Et hue donc! bourrique! Sue donc, esclave! Vis donc, damné!
La chambre double
Charles Baudelaire
Charles Baudelaire
4 commentaires:
Même en faisant quelque chose de sa vie (lire "aller à l'université"), ce vide n'est jamais inévitable.
Je continue sans cesse à acheter des livres que je ne lis pas pour remplir le vide, et ma bibliothèque pleine me rappelle sans cesse cette "attente", ce poids imaginaire, cette malhonnêteté.
J'essaie de cacher la peur de ne rien faire d'important de ma vie en suivant des cours qui m'intéressent de moins en moins, et pour lesquels je suis de moins PASSIONÉE.
Et pourtant, je vis...le plus ordinairement et platement qu'il m'est possible de le faire, comme éteinte.
Argh!
le plus ordainairement et le plus platement qu'il t'est possible de le faire? tu es sure? :P
On est tous pareil. On se demande tous ce qu'on fait là, que ce "là" soit rien faire ou aller à l'université.
Et on finit par se saouler et regretter... vive les mercredis!
ah ah oui cest ma journée préféré ainsi que les vendredis samedis et dimanches... il ne me reste plus qu'à économiser pour les lundi mardi jeudi pour finir la semaine en beauté :)
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